Le Programme triennal d’immobilisations (PTI) 2026-2028 a été voté en séance extraordinaire le 3 juillet dernier. Je sais que la nouvelle n’a rien d’une nouvelle, mais je me dois d’en parler même tardivement, car l’endettement de la ville continue et ça mérite d’être connu du public.
Si j’ai tardé à faire ce billet sur le PTI 2026-2028 de la ville de Saint-Bruno, c’est que j’ai été très pris dans le dossier de la nouvelle réglementation des piscines résidentielles où j’ai eu à donner des entrevues et à répondre à des tonnes de courriels venant de tous les coins du Québec. La couverture médiatique importante des dernières semaines du Comité Citoyens Piscine dont je fais partie avec six autres citoyens hors St-Bruno en témoigne. Pour ceux que ça intéresse, les deux plus belles couvertures médiatiques selon moi, tant par leur portée que leur contenu, sont le reportage télévisuel de la journaliste Charlotte Dumoulin à Radio-Canada le 12 juillet dernier et l’article de Martin Lavoie dans le Journal de Québec le 23 juin dernier. Ces deux couvertures ont fait exploser au grand jour toute la problématique qui s’est installée de 2021 à mai dernier au regard de cette nouvelle réglementation et la gestion lamentable du gouvernement durant près de quatre ans conduisant les citoyens à dépenser des fortunes quand cela n’était pas nécessaire.
Revenons à ce PTI 2026-2028.
J’ai voté contre pour des motifs comparables à ceux de l’année dernière. Pour ceux qui souhaitent se rafraîchir la mémoire sur le PTI 2025-2027 et les événements qui s’y sont rattachés, cliquez sur ce lien PTI 2025-2027 pour prendre la mesure des motifs analytiques qui m’ont conduit à voter contre le PTI l’année dernière.
Les motifs cette année sont les mêmes et je vais tenter d’être bref bien que je pourrais vous tenir durant plus d’une heure de lecture.
Le problème de fond est l’endettement et par ricochet, des taux de taxation trop bas. Le maire dans la jovialité de son poste voulant développer tous azimuts la ville afin d’augmenter l’assiette de taxation, en saignant au passage nos industries et nos commerces, ne fait que reproduire le modèle éprouvé et erroné que pour une ville, croître à l’intérieur de limites géographiques clairement circonscrites par les limites des villes voisines (Boucherville, Longueuil, St-Basile, Sainte-Julie, St-Mathieu-de- Beloeil) s’apparente à un système à la Ponzi. François Cardinal de la Presse avait écrit un article à l’époque sous cet angle, mais on était à l’ère de l’imprimé et je n’arrive pas à remettre la main sur l’article. Toues les villes qui ont adoptés ce modèle euphorique et idyllique se sont toutes cassées les dents.
Je reviens à mon billet de l’année dernière où je comparais l’endettement à la fin de l’année 2023 de la ville de Saint-Bruno par rapport à nos villes voisines. Ces pourcentages sont calculés à partir des rapports financiers des villes. Voici le tableau pour rappel et comme on le constate, St-Bruno se situe dans la moyenne:
- Saint-Bruno : 112%
- Saint-Basile: 159%
- Boucherville: 158%
- Brossard: 123%
- Saint-Lambert: 119%
- Longueuil: 109%
- Sainte-Julie: 94%
J’écrivais l’année dernière que si d’une part, on fait l’hypothèse raisonnable que les ratios de ces six autres villes demeureront constants et il n’y a pas raison qu’il n’en soit pas ainsi puisque ces villes sont en régime de croisière et si d’autre part, les meilleures estimations de développement à Saint-Bruno se réalisent, le ratio de la ville de Saint-Bruno va s’emballer pour les 6 prochaines années de la façon suivante:
- Saint-Bruno à la fin de 2024: 157%
- Saint-Bruno à la fin de 2025: 232%
- Saint-Bruno à la fin de 2026: 263%
- Saint-Bruno à la fin de 2027: 246%
- Saint-Bruno à la fin de 2028: 245%
- Saint-Bruno à la fin de 2029: 238%
Maintenant, un an plus tard, quels sont les chiffres de projections de l’endettement avec ce nouveau PTI 2026-2028 et surtout avec la volonté populiste du maire de limiter l’augmentation des taxes foncières pour la maison moyenne à l’inflation estimative de 2,99%, tout en continuant de matraquer sans gêne les industries (29% en 2025) et les commerces (16% en 2025) notamment, quand déjà leurs taux de taxation sont de 4,5 à 5 fois plus élevés que les maisons résidentielles, toute autre chose étant égale par ailleurs?
Voici à nouveau les résultats comparatifs cette année avec nos villes voisines et entre parenthèses, les écarts par rapport à l’année passée; ce pourcentage sont toujours compilés à partir des rapports financiers de l’année courue, soit 2024:
- Saint-Bruno : 127% (+15%)
- Saint-Basile: 175% (+16%)
- Boucherville: 147% (-11%)
- Brossard: 128% (+5%)
- Saint-Lambert: 123% (+4%)
- Sainte-Julie: 93% (-1%)
Dans la foulée, comparons les ratios d’endettement de Saint-Bruno de 2025 à 2030 selon ce dernier PTI, mutatis mutandis, selon ce qui m’a été présenté et que malheureusement on ne présente pas au public :
- Saint-Bruno à la fin de 2025: 204% ( -28%)
- Saint-Bruno à la fin de 2026: 272% ( +9%)
- Saint-Bruno à la fin de 2027: 240% ( -6%)
- Saint-Bruno à la fin de 2028: 260% ( +15)
- Saint-Bruno à la fin de 2029: 269% ( +31%)
- Saint-Bruno à la fin de 2030: 265% (s. o.)
Deux commentaires:
- Année 2025: c’est moins élevé que la projection de l’année dernière simplement parce que les emprunts n’ont pas encore été contractés. On les retrouve les années suivantes;
- Année 2027: la forte baisse du ratio est imputable à un revenu exceptionnel substantiel. Encore là, il faudra le réaliser et l’optimisme de cette réalisation n’a pas sa place selon moi. Il faut arrêter de se conter des histoires.
Pour nous aider dans la prise de décision du vote du PTI, la ville produit annuellement un cadre financier sur une période de 5 ans. Or cette année, pour la première fois, le cadre financier n’avait pas été préparé pour nous accompagner dans notre prise de décision prévue au conseil de juin. J’ai jugé cela inacceptable. Il a fallu que je me démène pour l’obtenir d’autant plus que nous sommes en année d’élection. Mes efforts ont été récompensés et le cadre financier a été produit. La présentation du PTI a été repoussée au 3 juillet, le même jour qu’a été tenue la séance du conseil ordinaire.
Quand on fait la comparaison de ratio d’endettement avec les villes voisines, Saint-Bruno s’enfonce. Comme je l’écrivais l’année dernière avec les adaptations une année plus tard, « Saint-Bruno va devenir le cancre financier de ce groupe, ce qui me fait dire que Saint-Bruno vit au-delà de ses moyens. Il va falloir dès 2026 augmenter les impôts pour contenir la dette ce qui n’est pas prévu au programme du parti au pouvoir pour la réalisation du PTI 2026-2028 et les années 2029 et 2030. La gestion des finances de la ville de Saint-Bruno par l’équipe du maire Grisé Farand est imprudente et je ne peux y souscrire».
Cordiales salutations
Louis Mercier