Le très réputé Institut C.D. Howe vient de publier une étude intitulée « From A to F: Grading the Fiscal Transparency of Canada’s Cities 2019« . Elle classe 31 grandes villes canadiennes pour la qualité de la présentation des informations financières. Longueuil se classe bonne dernière avec cinq autres villes. Elle obtient la lettre F, la dernière pour une 2e année consécutive. Elle est le cancre de cette classe de 31 villes avec la ville de Québec. Laval s’est joint à ce duo québécois cette année. Je ne sais pas pourquoi l’institut a retenu ce classement avec de lettre de A à F plutôt qu’un classement de 1 à 5 ou une échelle telle que : excellent, très bien, bien, mauvais ou médiocre. C’est fort probablement parce qu’en anglais la lettre F est la première lettre du mot FAIL. Si c’était un institut francophone, l’éventail des lettres aurait été certainement de A à E et le E aurait été pour ÉCHEC sans aucun doute.
Je vais vous donner un exemple tout simple de l’opacité financière de Longueuil, ce qui fait en sorte qu’un être normal mettrait en doute l’intégrité de la comptabilité bien qu’elle soit correcte en soi, sinon les vérificateurs de la ville seraient dans l’eau chaude pour ne pas dire bouillante.
Quand on étudie les états financiers 2015 de 163 pages de la ville de Longueuil, ils se divisent en gros en trois parties qui se ressemblent. Saint-Bruno en a une seule comme la quasi-totalité des villes. Longueuil en a trois à cause de la présence de l’agglomération :
- La 3e et dernière partie (page 124 à 163) ne traite que ce qui touche les services locaux de la ville de Longueuil. Ce sont les services locaux de voirie, d’aqueduc, d’égout, de déneigement, les parcs, les activités récréatives,…
- La 2e partie traite ce qui touche les services de l’agglomération que Longueuil donne. Ce sont la sécurité publique, le service des incendies, l’évaluation municipale, la cour municipale, …
- La première partie fait le consolidé de tout cela qu’on appelle la ville de Longueuil proprement dite.
Normalement, chaque élément financier est placé dans la 2e ou 3e partie et se retrouve au consolidé dans la première partie. En échapper un serait une faute et faire un double comptage en l’inscrivant à deux endroits serait également une faute.
Pour faire une comparaison, prenons un couple qui tiendrait une comptabilité séparée dans leur ménage :
- Disons qu’un conjoint termine l’année avec 5 000$ de gain après avoir tout payé et tout provisionné correctement ses choses;
- Disons que l’autre conjoint termine l’année avec 7 000$ de gain après avoir également tout payé et tout provisionné correctement ses choses;
- Alors au consolidé, de combien le couple s’est-il enrichi au cours de l’année si on fait une comptabilité commune? Roulement de tambour : la réponse est 12 000$. Si on n’arrive pas à cette réponse, alors on explique les écarts. C’est simple et logique n’est-ce pas.
Alors tenez-vous bien pour les états financiers 2015 de Longueuil :
- La ville locale (3e partie) a dégagé un excédent de 42 421 472$ ( page 127);
- L’agglomération ( 2e partie) a dégagé un excédent de 21 825 763$ (page 90);
- Au consolidé, Longueuil nous annonce un excédent de 13 663 933$ (page 14) et non 64 247 235$ qui serait la somme des deux montants précédents.
Je me suis présenté à la séance de l’agglomération de Longueuil le 16 février 2017 ( voir le chrono qui débute vers 1h 22m 30s) pour exposer ce fouillis financier de déconnexion entre le résultat de l’année des compétences locales, celui des compétences d’agglomération et celui du consolidé. J’ai indiqué que si on avait une structure séparée pour les services de l’agglomération, les citoyens et les élus s’y retrouveraient plus facilement. Comme d’habitude, Longueuil n’a pas répondu à ma question et ne veut surtout pas faire cela pour ne pas prêter à la critique car la transparence permettrait de mieux faire des comparaisons et faire ressortir les iniquités de l’agglomération.
Quand on parle d’opacité et de non-transparence financière, voilà un exemple tout simple et percutant. Je ne dis pas qu’il y a une erreur ou de la magouille. Non! Ce que je dis c’est que c’est de la non-transparence et de l’opacité. L’institut C.D. Howe est du même avis que moi après avoir fait son analyse sous un angle différent.
Aux intéressés qui pensent que Longueuil s’est amélioré, je vous laisse patauger dans les états financiers des années suivantes. Je me suis aventuré dans les états financiers 2017 et les chiffres n’ont ni queue ni tête.
Ce qui est malheureux, c’est que par association, les citoyens de Boucherville, Brossard, Saint-Lambert et Saint-Bruno deviennent des victimes par leur appartenance forcée à l’agglomération de Longueuil où la ville centre de Longueuil leur rend des services comme tout le monde le sait, à un coût trop cher payé.
Lorsqu’on regarde à la grandeur du Québec, c’est près d’un citoyen sur cinq qui vit dans une ville ou est associé à une ville où il y a une « délinquance » financière. Si j’étais le MAMH, il me semble que je m’activerais avec énergie pour remédier à cette situation.
Si vous souhaitez lire d’autres articles dans l’actualité à ce sujet, voici des références :
- Tape sur les doigts pour Québec, Laval et Longueuil; et
- Clarté des informations financières : La Ville de Longueuil obtient le pire score au Canada.
Louis Mercier,
Citoyen de Saint-Bruno-de-Montarville
Dans l’étude de l’Institut C. D. Howe de Toronto, on constate qu’il y a des villes comme Longueuil, Laval et Québec qui ont une cote « F » mais aussi la ville de Gatineau qui a une cote « C » et même Montréal qui a remonté sa cote d’une année à l’autre en passant de « C » à « C + ». Pourquoi le gouvernement du Québec n’exige-t-il pas une norme comptable uniforme à tous les budgets des villes du Québec? Est-ce que la Loi 122 sur les gouvernements de proximité a donné à ce point de marge de manoeuvre aux villes qu’elles peuvent désormais n’importe quoi, n’importe comment leur document budgétaire? Il serait temps que le Ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec se penche sur ce dossier et fasse le ménage une bonne fois pour toute. Les contribuables ont droit à une information financière rigoureuse, complète et facile d’accès et qui permet de comparer les postes budgétaires d’année en année afin de réaliser ce qui est hors de contrôle. Je me souviens qu’il n’y avait même pas de note explicative le 29 novembre 2018 lors de la séance extraordinaire du Budget d’agglomération de Longueuil sur l’adoption du Budget 2019. Franchement déplorable
Je suis d’accord Pierre. Le MAMH devrait imposer plus de rigueur aux villes et visiter les villes que l’institut C.D. Howe a épinglées afin de comprendre ce qui se passe et demander à ces villes de se doter d’un plan de redressement.